Edito:Les « Nouveaux » Matériaux

22/09/2013

Avant-propos

Depuis une dizaine d'années on constate des changements importants dans l'art de construire. Tant dans les formes, les styles que les matériaux. Une nouvelle esthétique urbaine est à l'oeuvre, traduction peut être du regain d'intérêt des villes par les habitants mais aussi des nouveaux enjeux énergétiques. Il m'a semblé intéressant d'étudier les « nouveaux matériaux » mis en œuvres dans ces nouvelles constructions ou réhabilitations. Souvent il s'agit de matériaux déjà employés précédemment mais mis en œuvre différemment ou au goût du jour.

Cet article concerne les matériaux visibles en façade, et pas les matériaux structurels cachés derrière les murs ou à l'intérieur des bâtiments.

La sélection des bâtiments étudiés est subjective, et ne vise pas l'exhaustivité, ce n'est pas le rôle de cette étude. D'avance excusez-moi pour les œuvres remarquables, emblématiques ou les matériaux que je n'aurais pas cité ou que j'aurais oublié. M'intéressant à l'esthétique des façades contemporaines j'ai aussi choisi d'inclure des non-matériaux tels que les panneaux photovoltaïques ou les mur végétaux.

J'ai essayé autant que possible de citer des œuvres d'architectes différents mais aussi des bâtiments d'usages variés (bureaux, logements, commerces, ateliers etc). Pour chaque édifice j'ai indiqué autant que possible le nom de l'architecte ainsi que l'année de livraison. Des notes avec numéro indiquent parfois des informations complémentaires sur les matériaux (produits, marques).

Au niveau présentation j'ai choisi un classement par matériaux plutôt que par édifices. Le classement par édifice était tentant car de nombreux édifices utilisent plusieurs « nouveaux » matériaux, mais ce choix aurait compliqué la comparaison d'édifices utilisant le même matériau.

Bonne lecture.

1. Panneau composite

Ce revêtement est très courant dans les réalisations contemporaines. Il s'agit d'un matériau constitué de fibre de bois et de résine, dont le revêtement est imputrescible permettant une utilisation en extérieur pour décorer les façades. Appelé « panneau composite » ou « trespa® » par les professionnels du nom d'un fabricant^{(1) [archive]}.

On le trouve sous aspect « uni » (une couleur), imitation bois ou décoratif avec décor peint. L'avantage de ce matériau, c'est qu'il ne change pas d'aspect, contrairement au bois qui a tendance a devenir gris rapidement.

- panneau composite « uni » :

Utilisé autant pour rénover des balcons (46 rue de Geroldseck pour un immeuble social, 2007) que pour une façade complète de bureaux avec du bardage rouge et noir (3-4 rue Sarrelouis, Bureaux BGV 3 et 4, Jacques Lever, 2011) On trouve également un ensemble immobilier rénové avec des panneaux rouge et gris situé 19-19a Boulevard Wilson, Frank Heintz, Zenith Architectes, 2012

Bâtiment BGV 3-4 rue Sarrelouis	46 rue Geroldseck Rénovation des balcons
19-19a Boulevard Wilson Patchwork de panneaux gris et rouge

- panneau composite « imitation bois » (aspect stratifié)

Récemment ce type de revêtement a été utilisé pour moderniser les entrées d'immeuble de la Cité du Hohberg (5-7 rue Cicéron, 2013) mais aussi des éléments de façade (5-11 rue Sénèque, 2013), Naos Architecture.

Les panneaux stratifiés peuvent être de forme polygonale pour donner un aspect différent, comme pour le Gymnase Jacqueline, Avenue Pierre Corneille, Michel Girold, 2013 ou l'assemblage de panneaux en forme de trapèze forme de grands triangles. Cet assemblage décoratif compense pour l'oeil non averti la différence de niveaux entre les deux pignons de la façade.

A signaler aussi un bel exemple de mélange colombage (vrai bois) et bardage stratifié bicolore dans un bâtiment moderne de l'hôtel du Corbeau situé 6-8 rue des Couples, Benoit Peaucelle, 2009

Autres exemples : Collège Fustel de Coulanges (extension), 2 rue Jacques Peirotes, Michel Girold, 2006.

5-7 rue Cicéron Entrée avec panneau composite imitation bois	5-11 rue Sénèque, travée au dessus des entrées avec panneau composite jaune
cour du Corbeau 8 rue des Couples	Gymnase Jacqueline, Avenue Pierre Corneille
Extension du collège Fustel de Coulanges 2 rue Jacques Peirotes

- panneau composite « décoratif »

Presque totalement aboli lors de la période moderne, après la seconde guerre mondiale, les motifs décoratifs reviennent sur nos façades. On trouve des motifs décoratifs sur le bardage de l'Extension de l'ENA, 1 rue Sainte Marguerite, Patrick Schweitzer, 2011. Les motifs végétaux évoquent le mur végétal un peu plus loin sur le même bâtiment.

Extension de l'ENA, vue d'ensemble	détail du décor sur les panneaux

2. Bois

Le bois, matériaux naturel, revient en force dans les maisons (bois de chauffage, granulés) et sur les façades comme revêtement décoratif ou structurel.

Ce matériau se patine avec le temps et devient grisâtre. C'est pourquoi on recours parfois aux panneaux composites, car cet aspect ne plait pas à tout le monde. C'est une affaire de goût.

Ce matériau a été utilisé de façon importante pour le programme « Les Jardins de Ferrare », 82-92 Avenue de Colmar, Bernard Oziol, 2010, sur la partie maison à l'arrière des immeubles de ce programme.

« Les Jardins de Ferrare » pendant la construction, septembre 2009	2010
Aspect du bois en 2013, on aime... ou pas

On trouve ce revêtement sur de nombreux immeubles, aussi bien des programmes privés que sociaux.

Autre exemple avec un petit immeuble privé 8 rue de l'ancienne école, Fabrice Perez, 2009. Le bois a été utilisé sur la moitié de la façade, soit deux travées.

Toujours à Neudorf, un nouvel immeuble, situé 4 rue de Sainte Marie Aux Mines a été entièrement recouvert de bois pour le bailleur social CUS Habitat.

8 rue de l'ancienne école, immeuble privé	4 rue de Sainte Marie Aux Mines, immeuble social

Les planches de bois peuvent être posées horizontalement comme dans les exemples ci-dessus, mais aussi verticalement comme pour les bureaux situés 57 route de l'Hôpital (Neudorf), Atelier Rey et Lucquet, 2011. Ces locaux abritent les bureaux de l'agence d'architecture Rey et Lucquet.

Le bardage peut aussi être posé en claire-voie^{(2) [archive]}, verticalement, comme sur le parking Wodli de Jacques Meyzaud en 2007.

57 route de l'Hôpital en 2011	en mai 2013, le bois c'est assombri
Bardage à claire-voie, parking Wodli, 2007

Certains programmes mélangent habilement panneaux composites imitation bois avec le bois naturel. Dans le cadre du 46-48 route de l'Hôpital, 2010 du promoteur Bouwfonds-Marignan, les volets et brise-soleil sont en bois naturel.

46-48 route de l'Hôpital, 2010 volet et brise-soleil sont en bois, le reste de la façade en panneau composite et crépis	Volets en bois

3. Brique

Matériau traditionnel depuis l'Antiquité, la brique en terre cuite revient sur nos façades depuis quelques années. Ce nouveau goût pour la brique ou le bois provient peut être de notre prise de conscience pour le naturel et le développement durable.

Ainsi la brique est utilisée non pas pour l'épaisseur des murs mais comme revêtement de façade conférant un aspect esthétique aux façades.

La brique peut être de différentes couleurs :

• brune 44 rue de la Course (Gare), Weber-Keiling Architectes, 2013
• rouge Les Jardins d'Adèle - 5 Allée de l' Abbé de l'Epée (Neuhof), BIK Architecture, 2013
• polychrome Les Jardins de Ferrare – 3, 4, 5, 6 place du Schluthfeld (Neudorf), Bernard Oziol, 2010

brique rouge sur l'immeuble « Les Jardins d'Adèle » 5 Allée de l'Abbé de l'Epée	brique brune sur un nouveau bâtiment, 44 rue de la Course
Les Jardins de Ferrare, place du Schluthfeld, brique polychrome	Vue d'ensemble avec deux niveaux en brique au premier plan et bois pour les étages supérieurs.

==4. Brique de parement== La brique de parement est à la brique ce que le bois stratifié est au bois naturel. Il s'agit d'un revêtement imitation brique, en terre cuite, d'une faible épaisseur.

La brique de parement est utilisée depuis quelques années comme élément décoratif. Elle a été utilisée de façon importante sur le programme « Les passages de l'Etoile », 1 Avenue du Rhin (Neudorf), BIK Architecture, 2008, pour rappeler l'environnement de bâtiments portuaires avec façades de vraies briques (anciens entrepôts Seegmuller)

Vue d'ensemble, Les Passages de l'Etoile	Brique de parement. Les passages de l'Etoile, détail en coupe permettant d'apprécier le matériau.

5. Métaux (Inox, Laiton, Acier...)

- métaux utilisés pour leur aspect décoratif : inox, laiton et acier corten

Matériau couramment utilisé au XIXème pour les structures porteuses, le métal et plus particulièrement l'acier, a été progressivement abandonné au profit du béton. Depuis quelques années les métaux refont leur apparition sur les façades à des fins décoratives mais aussi structurelles.

Ainsi plusieurs métaux ont été utilisés pour animer la façade de l'école Saint Jean, 13 rue des Bonnes Gens (Halles), Dominique Coulon, 2013. La façade est scandée de brise-soleils verticaux avec habillage métallique de différentes tailles et couleurs : du laiton pour l'aspect doré, de l'acier corten pour un aspect couleur rouille et enfin l'inox pour un beau gris à effet miroir. On notera que l'une des caractéristiques de l'acier corten, c'est que son apparence rouillé est stabilisée.

Ecole Saint Jean Belle façade rythmé de brise-soleil habillé de métaux	Reflet sur l'une des façades

- l'acier : un métal utilisé autant pour la structure que l'aspect décoratif

Pour l'AAPEI de Strasbourg, 55 rue de Hochfelden, BIK Architecture, 2013, l'entrée est décorée par deux paires de poteaux métalliques 'en acier' en forme de V.

Dans l'hyper-centre, c'est un bâtiment d'une belle sobriété que l'on découvre au 46 rue du vieux marché aux vins, Heintz-Kehr, 2003 pour un immeuble de commerces. La structure est constituée de poutrelles métalliques en acier PRS c'est à dire non standard (profilé spécifique). L'immeuble se fond plutôt bien dans l'environnement constitué principalement d'immeubles anciens. A l'époque ce matériau avait été choisi en raison du manque d'espace disponible (lignes de tram, trafic piéton important dans cet espace situé en hyper-centre) pour permettre aux entreprises d’accéder au chantier. Les profilés ont été montés rapidement à la nacelle.

2 rue de Dettwiller Entrée avec poteaux en V (avant mise en peinture)	46 rue du Vieux Marché aux vins structure métallique apparente

Dock Malraux, 4 rue du Bassin d'Austerlitz, Heintz-Kehr Architectes, 2013 800 tonnes d'acier seront utilisées pour réaliser la superstructure métallique de l'ancien entrepôt Seegmuller reconverti en logements, commerces et bureaux. Le porte-à-faux d'une portée de 12 mètres rappellera l'activité des conteneurs métalliques.

Cette structure sera apparente et permettra d’accueillir trois niveaux de logements. La livraison est prévue en novembre 2013. {| | align="center" | |- | align="center" | Reconversion des anciens entrepôts Seegmuller

Presqu’ile Malraux, 4 rue du Bassin d'Austerlitz |}

Sur les anciens locaux de la Seita, 56 rue du Doubs, l'architecte Jean-François Denner a utilisé des poteaux en acier galvanisé qui jouent le rôle de haubans. Le bâtiment étant longitudinal, les poteaux donnent une verticalité à l'ensemble et évoquent volontiers des poteaux de rugby devenant un signal urbain fort. Le corps du bâtiment, le long de la rue du Doubs a été revêtu d'un bardage en acier laqué, ondulé et perforé. La raison est d'abord technique, le bâtiment ayant une forte prise au vent il fallait percer le bardage sur 50% de sa surface. ^{(3) [archive]} . Le bardage ondulé accentue l'aspect industriel des lieux.

Les poteaux « haubans » du 56 rue du Doubs	Détail sur l'acier laqué, ondulé et perforé

- le zinc : pour les toitures mais aussi pour les façades

Connu et utilisé de façon régulière pour les toitures, l'usage pour décorer ou habiller une façade de façon verticale est plus récente.

On retrouve ces nouvelles façades en zinc sur plusieurs immeubles, notamment au 20 rue Thomann, Denu & Paradon, 2013

Parfois le zinc ne recouvre plus seulement les étages supérieurs, mais l'ensemble de la façade, c'est le cas pour le projet l'Etoile du Rhin, 26 Avenue du Rhin, Les Architectes SA, 2013

20 rue Thomann zinc dans les niveaux supérieur	Etoile du Rhin, 26 Avenue du Rhin zinc sur la totalité de la façade est

- l'aluminium

Ce matériau a été utilisé dans le cadre de la réhabilitation du magasin Printemps, 1-3 rue de la Haute Montée ^[archive], Christian Biecher, 2013. D'après l'architecte, il s'agit de tôle d'aluminium légèrement granuleuse de couleur champagne. {| | align="center" | |- | align="center" | Façade du nouveau Printemps avec sa tôle d'aluminium

couleur campagne |}

- cuivre

Le cuivre, matériau traditionnel est de nos jours utilisé sur des programmes qualitatifs. Traditionnellement c'est un matériau que l'on utilisait pour certaines toitures et gouttières.

On le trouve à Strasbourg sur des immeubles variés, par exemple en toiture avec l'utilisation de cuivre pré-verdi à la Cité de la musique et de la danse, place de l'Etoile, Henri Gaudin, 2004. Pour l'entrée de la Cour du Corbeau 8 rue des couples, 2009.

Récemment ce matériau a été utilisé pour la coupole de la Grande Mosquée de Strasbourg, rue Avérroès, Paolo Portoghesi, 2012 ^{(4) [archive]}

Cité de la musique et de la danse place de l'Etoile	Entrée Cour du Corbeau 8 rue des Couples
Dôme de la Grande Mosquée

- bardage métallique ajouré en tôle laquée

Il s'agit à l'origine d'un matériau industriel dont l'utilisation a été détournée. Il était utilisé par exemple dans la construction de passerelles. On trouve aussi ce matériau sous le nom de « bardage lumière ».

Ce matériau est utilisé à Strasbourg pour le Gymnase de la Rotonde, rue Pierre Nuss, Michel Girold, 2006. Mais on le trouve aussi en intérieur, par exemple pour l'extension du bâtiment de l'INSA, Rey-Lucquet Atelier d'Architecture, 2005

Gymnase de la Rotonde, Michel Girold, 2006	Détail sur le matériaux

==6. Verre== Depuis le fameux Seagram Building ^[archive] de Mies van der Rohe à New York les façades en verre ont fait leur chemin, même à Strasbourg ! Ainsi on trouve ce type de façade sur de nombreux immeubles et pour divers usages.

Le verre a été utilisé récemment pour la verrière de la Gare de Strasbourg en 2007, architecte Jean-Marie Duthilleul. La forme curviligne de la verrière n'a pas empêché la pose des revêtements de verre qui mettent en valeur, la façade en grès des Vosges depuis la place, de nuit, et sous la verrière, de jour.

En 2012 la compagnie d'assurance l'ESCA choisit d'investir l'ancienne tour de la Caisse d'Epargne, 2 quai Kléber pour son siège social. La tour a été entièrement rénovée par le cabinet DRLW et revêtue de verre.

Le verre appliqué sur les façades n'est pas toujours translucide, il peut aussi être opaque. Ainsi pour la rénovation de l'école Saint Jean en 2013, l'architecte Dominique Coulon choisit de revêtir la façade de l'école rue des Bonnes Gens avec du verre émaillé gris ^{(5) [archive]}. Un verre émaillé orange a été utilisé pour habiller un volume correspondant à un cube extrudé dans la partie supérieure de la façade. Ce cube devient un signal qui annonce l'école depuis la rue du Chevreuil. Du verre opaque donc pour une architecture bien visible.

Pour la façade côté voies ferrées de son parking Wodli, inauguré en 2007, l'architecte Jacques Meyzaud a utilisé une double épaisseur de verre opaque.

Verrière de la gare de Strasbourg	Gare de nuit
Tour Esca, 2 quai Kléber	Ecole Saint Jean (détail), 13 rue des Bonnes Gens
Parking Wodli, 2007, double paroi de verre opaque	Vue d'ensemble du mur rideau en verre

==7 Terre cuite== Le bardage en terre cuite est un matériau à la mode depuis quelques années. On le trouve notamment sur le Gymnase Schoepflin (Weber-Keiling) déjà en 2001.

Ce matériau peut prendre différentes couleurs, la plus classique étant l'orange. Il s'agit d'un matériau de fabrication industrielle qui peut être découpé en différentes tailles lui donnant une certaine souplesse d'usage.

Récemment on retrouve ce matériau sur plusieurs immeubles : Le Carat 3 boulevard de Nancy, Schwab Architectes, 2012. La terre cuite a été utilisée pour se fondre dans l'environnement de briques sur prescription de l'architecte des Bâtiments de France, notamment vis à vis du 5 boulevard de Nancy juste à côté.

65-67 route de l'Hôpital, Oslo Architectes, 2012. Il s'agit d'un ensemble d'habitation pour le bailleur social CUS Habitat. Sur cet immeuble la terre cuite est brun foncé, de loin on pourrait croire à du bois.

Gymnase Schoepflin, rue de la Fonderie, 2001	Le bardage en terre cuite s’accommode très bien avec la brique rouge du bâtiment historique
Le Carat, 3 Boulevard de Nancy, 2012	Détail, en coupe, sur le bardage en terre cuite
65-67 route de l'Hôpital, Oslo Architectes, 2012	Du bois ? Non de la terre cuite !

==8 Le béton brut== Matériau de prédilection de Le Corbusier dans les années 1920 et surtout après guerre, le béton laissé brut pour seul habillage de façade n'est pas si fréquent à Strasbourg ces 20 dernières années.

On trouve un très bel exemple contemporain, sans doute le premier, en 1996 avec le Collège Louis Pasteur, chemin du Heyritz par l'architecte Dominique Coulon.

Jacques Meyzaud est cet autre architecte qui affectionnait le béton brut, moulé parfois dans un coffrage de bois pour lui donner un aspect décoratif comme pour les bancs de la piscine découverte rénovée du Wacken, 2012. Du même architecte on signalera l'emploi du béton brut (poteaux, dalle) pour le parking-relais des Rives de l'Aar, rue Contades à Schiltigheim en 1998 et le parking Wodli, 3 Boulevard du Président Wilson en 2007.

En 2007 également les architectes JP. Gilch, L. Gilch et F. Kalk ont conçu un discret bâtiment longitudinal de bureaux et atelier avec façade et poteaux en béton brut, et oriel habillé de bois au 21 Avenue du Neuhof.

Collège Pasteur, chemin du Heiritz, 1996	Parking-relais des Rives de l'Aar, 2007
21 Avenue du Neuhof, 2007

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==9. Pierre, Marbre== La pierre et le marbre définitivement trop chers ou désuets pour nos édifices contemporains ? Pas si sûr... ces matériaux sont associés aujourd'hui comme hier à un certain prestige des bâtiments édifiés. La pierre de taille n'est quasiment plus utilisée sauf en restauration ; pour les nouvelles constructions on utilise plutôt de la pierre de parement, c'est à dire un habillage.

Ainsi pour l'édification de la Cité de la musique et de la Danse, Henri Gaudin, 2004, on a habillé la façade de plaques en grès des Vosges. D'une part l'édifice est dans la perspective de la Cathédrale Notre Dame et d'autre part les édifices à proximité, place du Maréchal de Lattre de Tassigny (place de la Bourse), Porte de France, sont à dominance de couleur rose. C'est donc très probablement pour tenir compte de l'environnement que l'on a paré ainsi l'édifice.

Le façade du rez-de-chaussée et de l'entre-sol du Printemps rénovée par Christian Biecher en 2013 est revêtue d'un parement en marbre. Ce matériau noble a été utilisé pour asseoir la montée en gamme du magasin.

Cité de la Musique et de la danse, grès des Vosges, 2004	Rez-de-chaussée et entre-sol du Magasin Printemps 1-3 rue de la Haute Montée, parement en marbre, 2013

==10. Autres matériaux : PVC, Polycarbonate, Textile, Mur végétalisé et Photovoltaïque==- PVC

Malgré le coût des matières dérivées du pétrole, l'usage est encore courant même pour les revêtements d'architecture.

Ainsi pour la réhabilitation de certains immeubles de la cité du Hohberg, un bardage à clins ^{(6) [archive]} en matériau plastique gris, imitation bois, a été utilisé pour habiller certaines travées. Le résultat est intéressant, donnant une nouvelle modernité aux immeubles. Exemple avec le 5-7 rue Cicéron, Naos Architecture, 2013.

5-7 rue Cicéron, Naos Architecture, 2013	Bardage à clin de couleur grise

- Polycarbonate

Dérivé du pétrole, famille de matière plastique, le polycarbonate est peu utilisé en architecture. Par contre on le trouve couramment pour des bâtiments léger comme les serres.

A Strasbourg, l'architecte Jean-François Denner a fait usage de plaques de polycarbonate à structure alvéolaire en utilisant le produit « Akyver » ^{(7) [archive]} pour ses auvents en porte-à-faux dans l'ancien site industriel de la Seita à la Meinau, 56 rue du Doubs. Le polycarbonate est teinté en vert dans la masse et confère un aspect agréable de jour comme de nuit avec un éclairage du plus bel effet.

Ancien locaux de la Seita reconverti en locaux d'activité et show room	Auvent constitué de plaque de polycarbonate

- Textile

Le Zénith de Strasbourg conçu par Fuksas Missimiliano est recouvert d'une toile orange en textile autonettoyant. Ce matériau n'est à ma connaissance pas utilisé par d'autres bâtiments dans l'agglomération strasbourgeoise.

Zénith de Strasbourg

- mur végétalisé

Le mur végétalisé s'est fait connaître à travers la France grâce à Patrick Blanc lors de la réalisation du musée du quai Branly à Paris.

A Strasbourg on trouve plusieurs murs végétaux. Le premier est sans doute celui réalisé en 2008 pour la nouveau siège du promoteur « Le Carré de l'Habitat » au 37 rue de Molsheim.

On trouve également un mur végétal sur l'une des façades de l'extension de l'ENA.

Mur végétal, 37 rue de Molsheim	Une des façades de l'extension de l'ENA

- capteur Photovoltaïque

Même à Strasbourg où l'ensoleillement n'est pas celui du sud de la France, les panneaux photovoltaïques font leur chemin. Technologie plutôt que simple matériau, le panneau photovoltaïque permet néanmoins de modifier l'aspect d'une façade en plus d'être bon pour l'écologie.

On peut citer la façade sud de sept immeubles situés à l'Esplanade et gérés par le bailleur social CUS Habitat. Livraison en 2010.

Sur la façade couleur sombre de l'extension de l'ENA, Patrick Schweitzer, 2011, on trouve aussi, plein sud, de discrets capteurs photovoltaïques.

Façade sud recouverte de panneau photovoltaïque, rue d'Istanbul, 2010	Capteur photovoltaïques sur la façade sud de l'ENA

CONCLUSION

Les nouveaux matériaux dessinent de nouvelles façades. Ces façades possèdent une singularité et s'inscrivent dans une esthétique contemporaine. Autant utilisés en rénovation que pour la création neuve, les nouveaux matériaux sont flexibles et innovants. On les trouve souvent dans de multiples coloris et gammes permettant de diversifier, à l'infini, les créations.

Cette étude relève qu'aux quatre coins de la ville les matériaux contemporains sont utilisés. La diversité des constructions montre aussi une diversité d'architectes locaux qui ont de l'audace et du talent.

Il est intéressant de noter que ces « nouveaux » matériaux sont utilisés pour tous les types de constructions, immeubles d'habitation, bureaux, hôtels, gymnases, écoles, commerces, ateliers, logements sociaux... Pour reprendre l'exemple de la cité du Hohberg, la simple utilisation de panneaux composites pour les entrées et cages d'escalier a changé l'aspect des façades.

Les raisons qui poussent les architectes à utiliser ces matériaux sont variées et souvent multiples :

• manque d'espace pour le chantier (ex: poteaux d'acier, commerce 46 rue du Vieux Marché aux Vins)
• tenir compte de l'environnement (ex: terre cuite, Le Carat 3 Boulevard de Nancy)
• technique (ex: acier ondulé et perforé, ancien locaux de la Seita 56 rue du Doubs)
• esthétique (ex: aluminium, magasin Printemps, 1-3 rue de la Haute Montée)

Très souvent pour un même édifice on trouve plusieurs matériaux « modernes », c'est le cas de la majorité des édifices étudiés. Ces matériaux, à condition de bien les connaître, s'harmonisent bien et les architectes savent généralement en faire bon usage. On est loin aujourd'hui, surtout dans le domaine de l'habitat, des productions des années 1980 et 1990 où l'on trouvait encore de nombreux bâtiments dans un style post-moderne ou néo-régionaliste revêtus d'un simple crépi. L'usage des nouveaux matériaux n'est pas incompatible avec le tissu ancien de la ville, toutefois l'environnement doit être pris en considération et les nouveaux matériaux pas seulement « parachutés » comme un effet de mode. Rappelons-le ce n'est pas tant le matériau qui fait l'oeuvre mais la bonne conception du plan – dans toutes ses dimensions - par l'architecte qui assure l'intégration du volume dans l'espace.

Le vocabulaire a changé. Un style plus affirmé, plus contemporain se dessine. On trouve dans les bâtiments d'aujourd'hui des influences venues du monde décoratif. Un retour à l'ornementation parfois, ou au contraire au classicisme, à la sobriété de l'antiquité.

Finalement l'architecture, revêtue de ses nouveaux matériaux ne fait-elle pas que répondre à nos goûts, demande et mode ? Dans une ville où le citoyen est consulté, où l'on initie l'auto-promotion, les concertations où les ateliers urbains, les promoteurs et architectes connaissent et prennent de plus en plus compte nos désirs. La multiplicité des gammes offertes par les nouveaux matériaux permet de proposer des constructions pour tous les budgets (du logement social au magasin de luxe).

La prégnance des enjeux écologiques a également contribué à la création de matériaux plus modernes, plus respectueux de l'environnement et crée ainsi une nouvelle esthétique.

Les matériaux que l'on trouve aujourd'hui dans les constructions contemporaines sont manufacturés et diffusés par catalogue ou largement accessible par internet. On trouve ces matériaux sur des constructions visibles sur l'ensemble du territoire national mais dans des palettes d'utilisations variées qui rompent avec la monotonie des grands ensembles. Autrefois les matériaux dépendaient principalement des ressources locales (exemple en Alsace : grès des Vosges, bois pour les colombages, brique), aujourd'hui, reflet de la mondialisation, les matériaux modernes se retrouvent non seulement à Strasbourg mais au quatre coins du pays et sans doute du monde.

Je terminerai cet article en remerciant les architectes et leurs collaborateurs pour avoir bien voulu répondre à mes questions et ainsi permettre la réalisation de ce document.

Fabien Romary

Président d'Archi-Strasbourg

Crédit photos : Archi-Strasbourg, Wikipédia, Areal Meinau

Notes:

• 1. Site du fournisseur Trespa : http://www.trespa.com/fr/frontpage ^[archive]
  2. bardage à claire-voie http://www.bardagemeleze.eu/pages/architectural.php ^[archive]
  3. voir aussi panneau en aluminium ondulé perforé : http://www.archiexpo.fr/prod/fielitz/panneaux-en-aluminium-ondules-perfores-trous-ronds-61312-329120.html ^[archive]
  4. voir le site de l'entreprise qui a réalisé le dôme de la Grande Mosquée : http://www.couverture-wiedemann.fr/constructions.php ^[archive]
  5. Qu'est ce que le verre émaillé : http://evmglass.com/verre-emaille/ ^[archive]
  6. Site du fournisseur Fundermax: http://www.fundermax.at/max_exterior ^[archive]_|_clins.fr.76.htm ^[archive]
  7. Akyver, plaque de polycarbonate http://produits-btp.batiproduits.com/Kaysersberg-Plastics/Akyver-Panel-40/fiche/r?id=1366972029# ^[archive]