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Adresse:Villa Oppenheimer (Strasbourg)

De Archi-Wiki

40 rue de Verdun (Strasbourg)

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Date de construction 1912 à 1917
Architecte Bruno Paul
Structure Villa
Courant architectural Néo-XVIIIe siècle
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Construction1

Date 1912 à 1917
Architecte Bruno Paul

Très gros dossier, pour une très grande maison, et un très grand terrain (3162 m2) ! Le maître d'ouvrage était l'industriel Julius Oppenheimer, auparavant situé au n° 5, place Brant. Celui-ci confia son projet au cabinet d'architecture berlinois du Prof. Bruno Paul, situé Prinz Albrechtstrasse 8, à Berlin. Comme on le voit sur un plan de situation de 1912, à l'origine, le terrain était immense, bordé par quatre voies déjà nommées ou à nommer : aujourd'hui les rues de Verdun, rue Brahms, rue Franz Liszt et allée Richard Wagner.

L'autorisation de construire (Bauschein) date du 26.10.1912 (die Erbauung eines Einfamilien Wohnhauses auf dem Grundstück des Herrn Julius Oppeheimer an der Mannheimerstrasse, Ecke Richard Wagner Strasse und einer geplanten Strasse im Bauabschnitt). Il est difficile de dire, au vu du dossier, quand la construction fut terminée, mais l'ensemble des travaux, y compris murs et clôture, ne sont déclarés achevés que le 15.10.1917.

On notera avec surprise que la façade sur rue ne correspond pas exactement au dessin de 1912: par exemple le fronton triangulaire initialement prévu est remplacé par un fronton curviligne, le portique est élargi par rapport au dessin initial, etc... Nous ne pouvons donc pas non plus certifier que les autres façades ont été réalisées d'après les dessins mis en ligne.

Le style du bâtiment avec ses façades sobrement décorées évoque l'architecture classique du XVIIIe siècle. On peut citer les colonnes doriques, la corniche a denticules supportant la toiture mansardée parmi les éléments de décor utilisés ici.

Quelques mots sur la famille du propriétaire : la famille de Julius Oppenheimer (1874-1939) s'était établie en Alsace en 1871 et y exerça l'activité de courtiers en cuir. Né le 23.2.1874 au n° 10, rue des Veaux à Strasbourg, fils de Feist Oppenheimer, 27 ans, marchand à Strasbourg et de Amélie Goldschmidt, Julius Oppenheimer dirigea ensuite avec son cousin Carl Adler, les "Etablissements Adler et Oppenheimer", une importante usine de cuir, d'abord installée à la Montagne-Verte, puis à Lingolsheim, et qui deviendra les Tanneries de France. A la fin de la première Guerre l'entreprise y employait 2000 ouvriers. L'industriel et sa famille ne profiteront malheureusement pas longtemps de leur bien, puisqu'on vérifie une fois de plus le sort qui a été réservé aux Allemands de souche à la fin de la première Guerre Mondiale. Julius Oppenheimer et sa famille furent en effet expulsés de France le 17 mars 1920, après qu'une première tentative d'expulsion ait échoué en juin 1919, suite à une levée de bouclier des députés du Bas-Rhin et de la municipalité strasbourgeoise. La fille de Julius O. restera cependant attachée à la ville de Strasbourg, où elle était née en 1912. Elle lui légua en effet un ensemble de 11 tableaux pour son Musée des Beaux Arts2.

Revenons au dossier de la Police du Bâtiment : en 1921, on apprend que le terrain, et sans doute aussi la villa, appartiennent à l'"Office de Vérification et de compensation pour l'Alsace et la Lorraine", qui veut construire deux baraques sur le terrain, indispensables, selon lui, pour permettre le fonctionnement de l'Office. En 1946, un projet de construction d'un garage à 3 boxes, est envisagé pour "l'Office des Biens Privés". Le pétitionnaire est le Ministère de l'Education Nationale, Palais du Rhin, Strasbourg. L. Crombach, architecte en chef des Bâtiments Civils est en charge du projet, et l'entreprise Jacques Kayser doit veiller à sa réalisation, achevée le 14.4.1947. Le dossier consulté est très épais, et pourtant il ne constitue qu'un premier tome consacré aux années 1911 à 1963. Ce qu'on peut dire, c'est qu'en 1962, juste avant la clôture du document, l'immeuble domanial est toujours occupé par le "Service des Biens et Intérêts privés".

La villa abrite la représentation permanente de la France auprès du Conseil de l'Europe depuis son installation en 19663.

Information4

Date 28/08/2020

Après sa nomination comme représentante permanente de la France auprès du Conseil de l’Europe, Marie Fontanel, ancienne conseillère Santé du président de la République, et épouse du candidat déçu aux municipales à Strasbourg, s’est installée avec sa famille au n° 40, rue de Verdun, pour une prise de fonction en date du 17 août.

Portes ouvertes pour les Journées du Patrimoine

Date 17 et 18/09/2022


Le jardin et une partie du rez-de-chaussée de la villa ont pour la première fois pu être visités par tous les publics dans le cadre des Journées du Patrimoine les 17 et 18 septembre 2022.

On apprend à cette occasion un détail dramatique, à savoir que suite à l’expulsion de la famille Oppenheimer en mars 1920, celle-ci a connu ensuite l’oppression du régime nazi qui l’a conduite à quitter l’Allemagne. Mais le fils Oppenheimer, Franz Ferdinand, qui avait 6 ans au départ de Strasbourg périt à Sachsenhausen en 1941.

La résidence a abrité d’abord l’Office de vérification et de compensation pour l’Alsace et la Lorraine.

Avec l’invasion allemande, c’est Todt, une organisation de génie civil et militaire nazie, qui occupe le 40, rue de Verdun. Après la libération, le bâtiment est brièvement réquisitionné par l’armée américaine avant d’accueillir l’Office des biens et intérêts privés (OBIP).

Mais on apprend aussi qu’en plus de cette villa, la famille Oppenheimer a également offert à Strasbourg d’autres richesses patrimoniales. En effet, en 2004, Annelies Oppenheimer, fille de Margarete Busch et de Julius Oppenheimer, décide de léguer onze tableaux de grande valeur en gage d’amitié pour Strasbourg, puisque la municipalité avait tenter d’éviter l’expulsion de sa famille, quelques décennies plus tôt. Au décès d’Annelies, survenu dans sa 97ème année, les œuvres ont rejoint les collections du Musée des Beaux-Arts de Strasbourg.

C’est en 1966 que s’installe dans ses locaux actuels la Représentation permanente de la France. Après trois ans de cohabitation avec le OBIP, la Représentation occupe la totalité de la Villa Oppenheimer à partir de 1969.

On notera encore que dans ce riche patrimoine architectural sont conservées de nombreuses oeuvres issues et prêtées par le Fonds national d’art contemporain (œuvres de José Subirà-Puig, Mario Prassinos, Miklos Bokor, Alain Jullien-Minguez, Zao Wou-Ki, Claude Mercier, Marta Pan, Victor Roman, Michaële-Andrea Schatt, Abdol-Hossein Araghi, Antoine Poncet)5.

Références

  1. Archives de la ville et de l'Eurométropole (Bibliothèque) - Cote 709W105
  2. http://www.musees.strasbourg.eu/sites_expos/leg_oppenheimer/fr/index.php?page=02 [archive] date de consultation non précisé]
  3. DNA du 14 septembre 2022, page 30 : "Journées du patrimoine : ces maisons particulières remplies d'Histoire"
  4. Article des DNA du 28/08/020 : « Un ambassadeur de France à Strsbourg, mais pour quoi faire ? » : https://c.dna.fr/politique/2020/08/27/un-ambassadeur-de-france-a-strasbourg-mais-pour-quoi-faire [archive], consulté le 30/08/2020
  5. Plaquette de 8 pages sur la « Représentation permanente de la France auprès du Conseil de l’Europe » offerte à chaque visiteur lors des Journées européennes du Patrimoine des 17 et 18 septembre 2022


Références