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Adresse:Le Jaurès (Strasbourg)

De Archi-Wiki

92 avenue Jean Jaurès, 106 rue de la Ziegelau, 59 rue de Ribeauvillé

Image principale







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Date de construction 1966 à 1972
Architecte Albert Urban
Agence d'architecture Werkgemeinschaft Karlsruhe
Structure Immeuble
Courant architectural Brutalisme
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Historique1

Date fin XIXe


A cet emplacement, à l'angle entre les rues de la Ziegelau et Ribeauvillé se trouvaient trois petits immeubles, aux n°90, 92 et 94 Avenue Jean Jaurès. Cet îlot, jusqu'à la fin des années 1960, était peu dense.

A titre d'illustration, nous mettons à disposition des d'archives d'une des trois maisons édifiées vers 1893. Cela permet de donner une échelle des bâtiments préexistants.

Au 92 Avenue Jean Jaurès se trouvait en 1931 la Brasserie de l'Espérance.

L'un des plans de situation ci-dessous est issu d'un projet d'urbanisation de ces parcelles par le propriétaire de l'époque M. Armand Diss, propriétaire de plusieurs parcelles à cet emplacement. Le premier courrier concernant l'urbanisation du secteur et émanant de ce propriétaire date du 19 juillet 1961. A cette époque, le propriétaire projetait la construction d'un immeuble de sept étages. Le projet évoluera quelques années plus tard en raison de l'accroissement de la densité constructible sur la parcelle (modification des règles d'urbanisme).

Ces bâtiments seront démolis à partir de 1965.

Bâtiment provisoire (pharmacie)

Date 1967 à 1968
Architecte Albert Urban


M. Claude Domard, pharmacien, exerçait son activité, depuis une date inconnue, dans les bâtiments anciens situés 90-92 Avenue Jean Jaurès.

En 1967 M. Claude Domard demande la construction d'un bâtiment provisoire pour l'installation de sa pharmacie pendant les travaux du complexe "Le Jaurès" dont le projet est en cours d'élaboration.

Le pharmacien, après moult péripéties évoquées dans le dossier, notamment sur l'emplacement du bâtiment, reçoit un avis favorable le 01/12/1967. Le permis est accordé le 2 décembre 1967. Le pharmacien a d'ores et déjà réservé un lot dans le nouvel immeuble "Le Jaurès" pour installer sa pharmacie (au n°92). Le bâtiment provisoire sera situé devant les anciens bâtiments à démolir.

L'architecte chargé de l'installation du bâtiment provisoire est M. Albert Urban, 7 rue de Berne à Strasbourg. C'est le même architecte qui s'occupera du complexe "Le Jaurès".

Le Jaurès

Date 1965 à 1972
Architecte Albert Urban
Agence d'architecture Werkgemeinschaft Karlsruhe


Construction2

La première demande de permis de construire date du 15 janvier 1964. Suite à l’annulation du permis, un nouveau permis est demandé le 5 novembre 1964. Il est accordé en date du 24 mai 1965.

Le pétitionnaire est la SCI « Le Jaurès », représenté par M. Diss Armand, 1 place du Maréchal de Lattre de Tassigny à Strasbourg (Immeuble de la Bourse).

Une collaboration entre deux groupes d’architectes réalise la maîtrise d’oeuvre. Un architecte français, Albert Urban, 7 rue de Berne à Strasbourg et un collectif allemand d’ingénieurs-architectes « Werkgemeinschaft Hirsch Karlsruhe + Neustadt ». Ce collectif est composé des ingénieurs Wolfgang Hirsch, Rudolf Hoinkis, Martin Lanz, Paul Schütz et Dieter Stahl.

Les plans ne sont pas signés, mais les noms de l’ensemble des ingénieurs et architectes sont systématiquement apposés sur les plans dans un cartouche dédié.

Il s’agit d’une opération complexe répartie sur trois bâtiments et comprenant : hôtel, commerces, bureau et logements. Au total environ 75 lots sont prévus (hors parkings) dont 20 chambres d’hôtel. Parmi les occupants des locaux commerciaux projetés, on trouve un restaurant, une brasserie, une agence de la Caisse d’Epargne, une station service « Esso » sur l’arrière du complexe.

Le projet prévoit une tour de 41,80 mètres pour 15 étages (peut être les niveaux au sous sol sont-ils comptés), adossée à un ensemble de 3 niveaux en retrait sur l’alignement légal et formant centre commercial.

Deux niveaux de parking en sous-sol étaient prévus au départ.

Un avenant est demandé en date du 25 mars 1966. Il est accepté le 14 avril 19663.

L’avenant concerne la modification des plans. La nappe phréatique ne permet pas de construire un deuxième sous-sol. Cet étage de parking est donc supprimé. D’autres modifications concernant les étages sont effectuées.

Les travaux de démolition des constructions existantes débutent en décembre 1965.

En février 1969 le bâtiment 1 (R+4) est achevé. La Tour (bâtiment 2) n’est pas encore commencée. Enfin le gros œuvre du bâtiment 3 (R+3) est achevé.

Une déclaration d’achèvement des travaux est reçue par la Ville le 1er juin 1972. Le certificat est remis le 18 octobre 1972.

Pierre Vivien et le nouveau plan d'urbanisme directeur

Normalement le règlement d’urbanisme dans le secteur interdit les constructions de plus de 20 mètres (hauteur maximale). La Ville, non opposée à ce projet, doit donc modifier les règles d’urbanisme des terrains concernés et obtenir une autorisation préfectorale. Il est précisé dans une note interne de la Ville du 8 juillet 1964 que le projet cadre avec le futur règlement de M. Vivien. Il s’agit du règlement issu du nouveau plan d'urbanisme directeur de la ville, dont a été chargé Pierre Vivien, architecte en chef des bâtiments civils et des palais nationaux, par le maire Pierre Pfimlin à partir des années 19604, 5,6.

Sur le plan ci-dessous, extrait du plan d'urbanisme directeur daté de 1963, on aperçoit le carrefour sous forme de cercle avec la mention "159" et en légende "carrefour à étudier". Ce carrefour est important à l'échelle de Neudorf, c'est sans doute pourquoi Pierre Vivien a eu son mot à dire dans l'élaboration de ce projet. Nous n'avons pas, à ce jour, trouvé de source précisant l'implication concrète de Vivien dans ce projet. Ce plan directeur met l'accent sur les déplacements (en voiture), notamment pour les pendulaires (maison-travail), avec pour objectifs de créer de nouvelles voies (autoroutes) et d'autres axes majeurs.

L’architecte est également connu à Strasbourg pour son plan d’urbanisme du quartier de Hautepierre.

Descriptif

Ensemble immobilier composé de trois bâtiments de différentes hauteurs : une tour de 12 étages et deux bâtiments de 3 et 4 étages.

La tour, d'une hauteur de 41,50 mètres pour 12 étages, est un repère dans l'est du Neudorf où se trouvent de nombreux commerces de proximité. Ce quartier, plus excentré et plus social que le centre de Neudorf (présence en face de l'îlot, de la vaste Cité Risler), est animé, formant un peu comme le deuxième centre du quartier après la place du marché. Ce carrefour est important et l'Avenue Aristide Briand mène au Port du Rhin puis en Allemagne (Kehl).

De nos jour, au pied de la tour se trouve un bureau de poste dont l'accès se fait via une placette donnant un caractère urbain au programme. On trouve aussi au pied de la tour une agence bancaire, pendant longtemps s'y trouvait une station-service (côté rue de Ribeauvillé).

Au niveau de l'entrée du bureau de poste (côté placette) se trouve une fresque colorée, il est probable qu'elle soit d'origine.

Les travaux se sont déroulés de 1966 à 1972. La date officielle d'achèvement est le 05 décembre 19727. Peut être s'agit-il d'une inauguration officielle vu l'importance du complexe. La date de réception des travaux est antérieure.

Un deuxième bâtiment fait partie de cet ensemble, il est situé 106 rue de la Ziegelau, il ne fait que quatre étages et à une fonction plus résidentielle.

Enfin un troisième bâtiment de trois étages est situé 59 rue de Ribeauvillé, il donne aussi accès à un commerce

L'ensemble comporte une soixantaine de logements et commerces7. Nous ignorons si l'hôtel prévu au départ a finalement existé (peut être les chambres ont-elles été transformées en studio ?).

La façade de l'immeuble est intéressante car elle n'apparaît pas du tout de la même façon selon que l'on se positionne dans l'axe avenue Aristide Briand où elle se présente sous forme d'une tour classique, ou dans l'axe opposé, rue de la Ziegelau, où l'on voit la façade sous son aspect sud dans une perspective plus découpée, comme abstraite avec des formes cubistes8.

Cette tour, brutaliste, est construite à partir d'éléments préfabriqués. Elle marque un carrefour important de la ville. Cet épannelage à l'aspect pyramidal, est issu du plan de l'urbaniste Pierre Vivien (qui a dessiné le quartier de Hautepierre)9.

Dans sa séance du 30 avril 1965 la commission consultative demande à ce que les matériaux soient autolavables et que les façades soient traités avec beaucoup de soin par les promoteurs2.

A Strasbourg on trouve un îlot comparable, avec tour et bâtiment moins imposant, à l'entrée de la Ville, l'ensemble immobilier Porte de France, dont l'un des co-architecte est Pierre Vivien.

Depuis 2007 l'arrêt de tram "Jean Jaurès" se trouve presque au pied de cet ensemble, accentuant la centralité du quartier.

Documents d'archives

Vues vers 2010

Façade rue de la Ziegelau

Vues récentes

Date 02/2023


Références

  1. Archives de la ville et de l'Eurométropole (Bibliothèque) - Cote 233MW1187
  2. a et b Archives de la ville et de l'Eurométropole (Bibliothèque) - Cote 722W186
  3. Archives de la ville et de l'Eurométropole (Bibliothèque) - Cote 722W187
  4. L'historien de l'architecture Gauthier Bolle mentionne dans sa thèse sur Gustave Stoskopf que Pierre Vivien est en charge d'une étude générale sur l'ensemble de la commune (étude du plan d'urbanisme directeur), peut être que ce projet est évoqué dans cette étude. Voir Un acteur de la scène professionnelle des Trente Glorieuses, de la Reconstruction aux grands ensembles : l'architecte alsacien Charles Stoskopf (1907-2004) [archive], par Gauthier Bolle, sous la direction de Anne-Marie Châtelet, thèse soutenue en 2014, pages 269 et 428
  5. Voir aussi L’urbanisme à Strasbourg : l’intervention de P. Vivien, 1959-1965 [archive], par René Tabouret, I. Mallet
  6. Pierre Vivien (1909-1999) Architecte des bâtiments civils et nationaux [archive], consulté le 04/03/2023
  7. a et b DNA du 05/10/2010
  8. cubisme sur wikipédia [archive]
  9. À la découverte des quartiers de Strasbourg - Neudorf (brochure)
  10. DNA - Dernières Nouvelles d'Alsace (journal quotidien)

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