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Adresse:Cité des Chasseurs (Robertsau) (Strasbourg)

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Cité des chasseurs - Robertsau

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Date de construction 1933 à 1934
Architecte Tim Helmlinger
Structure quartier
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Présentation du quartier1

Date 1933 à 1979
Maître d'ouvrage OPHBM de Strasbourg

Deux mots pour introduire

Le "bout du monde" est toujours moins loin qu'on ne le pense. Et peut-être que le sentiment d'être au paradis, moins éternel qu'on ne le dit. Toujours est-il que si vous voulez vous rendre à la Cité des Chasseurs, nous vous conseillons de vous rendre en vélo à la Robertsau et d'emprunter la route de la Wantzenau. Avant d'arriver à la clinique Sainte-Anne, bifurquez à gauche. Vous vous retrouvez soudain sur une voie réservée aux cycles, fraîche et ombragée, bordant l'Ill... C'est le chemin du paradis ! Vous êtes sur la route des Chasseurs ! Restez-y, et pédalez encore quelques centaines de mètres et vous arrivez sans faute à la Cité des Chasseurs. On goûte de suite un silence prodigieux. La nature talonne les villas. Les jardins sont fleuris, on croit rêver, et de suite on se demande comment cela est-il possible ?

Le projet initial

Voici un résumé succint de l'histoire de ce quartier: en 1931, l'Office public d'habitations à bon marché de la ville de Strasbourg retient le projet du jeune architecte D.P.L.G. Tim Helmlinger pour bâtir une cité-jardins sur un terrain de plus de trois hectares qu'elle vient d'acheter dans le grand Nord de Strasbourg, sur les emplacements de l'ancienne propriété Fleckenstein à la Robertsau. A l'origine la cité était d'ailleurs connu sous le nom de Cité Fleckenstein. Le projet de construction prévoyait deux étapes, et devait comprendre, en tout, pas moins de 225 maisons, dont 121 étaient censées former la première partie du programme. On peut dire qu'on voyait grand, mais on verra qu'on avait raison !

Située au bord de l'Ill, la future cité-jardins profiterait au Sud-Est de la nouvelle grande artère Nord-Sud prévue dans le plan d'aménagement de la Robertsau. La superficie moyenne prévue pour les lots était de 280 m2, dont environ 50 m2 seraient surbâtis. Les maisons seraient construites en béton (sous-sol) et en briques. Les toits couverts de tuiles plates. Des buanderies seraient prévues dans les sous-sols. Les façades seraient enduites de crépi lissé ou posé au balai. Les clôtures prévues exécutées en treillis de fil de fer analogue à celles de de la cité-jardins du Neuhof-Stockfeld.

Plusieurs types de maisons différentes étaient prévues, dans les proportions suivantes :

Type A : 3 pièces et cuisine familiale, maison jumelée extensible.........24 maisons

Type B : 4 pièces et cuisine familiale, maison jumelée non extensible..38 maisons

Type C : 4 pièces et cuisine familiale, maison jumelée extensible.........28 maisons

Type D : 4 pièces et cuisine familiale, maison isolée non extensible.....15 maisons

Type E : 4 pièces et cuisine familiale, maison isolée extensible.............13 maisons

Deux autres types de maisons avec magasin (type F et G) étaient prévues au nombre respectif de 2 et de 1. L'extensibilité des types A, C, E, G, consistant dans la possibilité d'aménager une chambre supplémentaire dans les combles.

Les réalisations

1933-1934 :

Disons-le d'emblée : du projet initial, qui se chiffrait, rappelons-le, à 121 maisons, rien que pour la première tranche de travaux, en réalité seules 19 habitations virent le jour (comme dit plus haut, réparties en 14 maisons, dont 5 maisons jumelées et 9 maisons individuelles). Rien d'autre, semble-t-il, ne sera plus construit pour l'O.H.P.B.M. avant 1945. L'autorisation de construire est donnée, pour tous les types de maison, à la date du 17.6.1933. La réception du gros oeuvre des 19 habitations (maisons appartenant aux types A jusqu'à E) eut lieu le 18.8.1933, en présence de Mrs Nonnenmacher et Dorler de l'Office public d'habitations à bon marché et de Mrs Greiner et Hell de la Police du Bâtiment. La réception finale de tous les types de maisons réalisées eut lieu officiellement le 30.10.1934.

Dans les dossiers de la Police du Bâtiment, on note que des "négligences" furent constatées dans les fondations des murs de pourtour ainsi que de la cheminée, et des "renforcements" jugés nécessaires. Ces avis ont-ils compté dans le destin final du projet ? Il est évidemment impossible de le dire aujourd'hui, à la seule lecture des dossiers. Et il paraît peu vraisemblable qu'un tel facteur ait pu jouer. A notre avis, si cette première tranche, qui a abouti dans d'excellents délais, n'a pas eu de suite, c'est sans doute pour des raisons économiques, et donc politiques. Le 4.9.1935 décède en effet le maire socialiste de la ville, Jacques Peirotes. Or, c'est lui qui avait fait voter le 7.6.1922 par le conseil municipal la création de l'Office d'habitations à bon marché de la ville de Strasbourg, qu'il présida jusqu'à son décès en 1935.

Toujours est-il qu'il faut se rendre à l'évidence : seules 19 maisons sur les 121 prévues de la première tranche du projet ont vu le jour. En résumé, les maisons réalisées sont, selon les types : A = 4, B = 4, C = 2, D = 4, E = 5., F = 0, G = 0 . C'est ce qu'on vérifie sur le terrain. Et c'est aussi ce que confirme J.J.Blaesius dans son article de 1983.

Avant d'évoquer cette période de l'après-guerre, on lira encore cette description du projet en cours de la Cité-jardins de la Robertsau, telle qu'elle est relatée page IX de l'ouvrage cité en source sur les réalisations de l'O.P.H.B.M. de 1924 à 1934. Ce texte date sans doute de 1935 :

"La Cité-jardins qui est actuellement en construction dans le faubourg de la Robertsau, au bord de l'Ill et tout près de la forêt, comportera plus de 200 maisons de trois ou quatre pièces avec cuisine familiale. Un premier lot de 19 maisons vient d'être achevé. La superficie totale de la cité sera d'environ 60 ha (sic).

L'architecte a eu soin de respecter le cachet et l'aspect tout particuliers de la Robertsau qui est un faubourg plutôt rural avec ses maisons de campagne et ses jardins. "

Après-guerre :

Après 1945, la poursuite du projet initial se fera avec de tous autres moyens. Dans un long article paru dans les D.N.A du 21.10.1983, J.J.Blaesius, raconte qu' "après la guerre, entre 1947 et 1948, en vertu d'une ordonnance du ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme (MRU), on y monta quatre-vingt-dix chalets en bois préfabriqués venus d'Allemagne. En 1953, ils furent cédés par l'Etat à l'Office. Sauf un, attribué à une famille à titre de dommage de guerre. (...) Les transactions se déroulèrent entre 1963 et 1979. Priorité à l'achat fut donné aux occupants, qui en acquirent soixante-sept. Les vingt-deux autres furent cédés par adjudication à des tiers." On précisera que les nouveaux chalets seront inaugurés le 11 décembre 19482. J.J. Blaesius décrit par ailleurs dans son article une vie quotidienne paisible et agréable : "Dans les années soixante, les rues de la cité grouillaient d'enfants. Le matin, place du Rad, le bus scolaire était déjà rempli et le prix Cognac-Jay a été attribué à plusieurs familles nombreuses du lotissement. Les gosses disposaient d'un fabuleux domaine d'exploration. Au Wiederwäldele, une guerre des boutons opposait régulièrement des clans plus ou moins fluctuants qui s'unissaient aussitôt qu'apparaissait le garde champêtre. A côté de l'école, sur le terrain de foot où l'on tapait dans le ballon avec la même ferveur que sur les plages brésiliennes, d'excellents éléments et un international - Marc Molitor - ont fait leurs classes. L'hiver, des files de traîneaux partaient pour des expéditions polaires vers le Fuchs-am-Buckel. Au printemps, on pagayait dans les caves inondées. L'automne, les cerfs-volants égayaient le ciel. Et le 1er janvier, les boîtes aux lettres volaient en éclats. En ces temps-là, la cité avait aussi ses épiciers et son boucher. On allait faire ses courses chez Burger ou chez Huck, on cherchait le lait ou les légumes chez les maraîchers voisins. On était loin de tout et les voitures étaient alors peu nombreuses. "

Conclusion

En 2009, des échanges spontanés sur le terrain avec des habitants de longue date du quartier nous ont également vite fait comprendre qu'on n'avait sans doute pas suffisamment évalué certains problèmes liés à la présence de l'eau, de la nappe phréatique, etc... et que "le paradis" est parfois à la merci d'un "déluge". Mais, si les gens restent, c'est qu'ils s'y plaisent...

Nous avons d'ailleurs été confortés dans cette impression, en consultant aux Archives de la ville l'annuaire d'adresses de l'année 1953. On y apprend en effet que résidait, au moins durant cette année 53, au n° 15, rue des Gardes-Forestiers, Paul Ricoeur (1913-2005), un des philosophes français les plus importants du 20e siècle. Il avait en effet été nommé à l'Université de Strasbourg comme professeur, et il y passa, de 1948 à 1956, les huit plus belles années de sa vie, comme il aimait, paraît-il, le dire...

Sources

- Dossiers de la Police du Bâtiment aux Archives de la ville (n° 801W259 à 801265 et n° 939W44)

- Extraits des Dernières Nouvelles de Strasbourg, parus dans "La Gazette de la Robertsau, n° 42, avril 1995, page 11, avec la signature G.B.

- Article avec photos paru dans les Dernières Nouvelles d'Alsace en date du 21.10.1983, signé J.J.Blaesius, que je remercie particulièrement, car j'ai beaucoup "puisé" chez lui...

- Notice de Léon Strauss sur Jacques Peirotes, dans le Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, n° 29, FSHAA, 1997.

- Livre : Dix années d'activité. Les Réalisations de l'Office public d'habitations à bon marché de la ville de Strasbourg, 1924-1934, ouvrage édité par la Société Française d'Editions d'Art-Paris. Photographies :Jules Manias, Strasbourg ; Carabin, Strasbourg. Imprimerie Istra. Ouvrage consulté à la Bibliothèque des Archives de la Ville et de la Communauté Urbaine de Strasbourg.

Références

Lien externe

Annexes

Liens internes

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