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Adresse:9 rue du Chaudron (Strasbourg)

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9 rue du Chaudron (Strasbourg)

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Date de construction environ 1613
Structure Immeuble

Date de transformation environ 1780
Courant architectural Louis XVI
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Construction1

Date 1613

Située à côté du bâtiment d’angle Zum Kessel, qui a donné son nom à la rue du Chaudron, la maison, construite peut-être en 1613, a appartenu pendant plusieurs décennies au cordonnier François Meyss, puis , en 1656, à son héritier le farinier Nicolas Gass.

Un notaire (Philippe Henri Theus) y a ensuite son étude, de 1667 à sa mort en 1697.

Acquisition par le boulanger Ensfelder

Date 1700

En 1700, le boulanger Georg Ensfelder, d’origine franconienne, acquiert la maison qui restera une boulangerie jusqu’en 1989.

Concernant son acquisition, l’ouvrage d’Adolphe Seyboth "Strasbourg historique et pittoresque"2 écrit : Depuis 1700, le n° 9 qui se trouve à côté de la maison Au Chaudron (Zu dem Kessel), renferme une boulangerie exploitée de père en fils par la famille Ensfelder.

En fait, Seyboth ne nous donne pas la date de construction, ni aucun renseignement sur la construction initiale de cet immeuble. Mais les recherches de Jean-Michel Wendling donnent aujourd’hui tous les renseignements qu’il est sans doute possible de rassembler à ce sujet1.

Si l’on est intéressé par ailleurs par la comparaison entre les deux éditions, allemande (1890) et française (1894), du Seyboth concernant le 9 rue du Chaudron, on se rendra sur la partie « actualités ».

Information

Date 1732

Sur la photo ci-dessous, on aperçoit dans le feuillage, une pierre scellée dans le mur, qui proviendrait de la façade sur rue, et sur laquelle l'on aperçoit une bretzel, ainsi que les initiales G E et la date de 1732.

Cette photo extraordinaire doit dater d'environ 1900 et montre le boulanger Emile Ensfelder, dernier boulanger de ce nom de la maison, dans la cour de son immeuble situé aujourd'hui au n° 9 rue du Chaudron. Il mourra en 1909.

Elle nous a été procurée par un descendant direct, comme nous le sommes nous-mêmes, de Georges Ensfelder, premier propriétaire des lieux, qui a acquis la maison en 1700, et qui est peut-être celui qui a fait poser la pierre à la bretzel sculptée, avec ses initiales et la date.

Rénovation3,4

Date environ 1780

Cette maison portait le n° 5, jusqu'à ce qu'intervienne, vers le milieu du 19 e siècle, un changement de numérotation qui lui fit porter le n° 9, qu'elle porte encore aujourd'hui.

Le dictionnaire historique des rues de Strasbourg mentionne cette maison à cause de sa façade Louis XVI à guirlandes, datée d'environ 1780, et signale qu'elle est la maison natale de Charles Eugène Ensfelder (1836-1876), qui fut un artiste sensible et raffiné (voir-ci-dessous). On trouve aussi des commentaires intéressants dans le livre-guide "Connaître Strasbourg", éd. Alsatia 1988, dont les notices ont été rédigées par Jean-Pierre Klein et Roland Recht, et que je retranscris ici tel quel :

« Curieuse petite façade de style Louis XVI (vers 1780) avec un r. de ch. en pierres de taille à refends très plats. Au 1er étage, les fenêtres rectilignes ont leurs allèges ornées d'une draperie disposée en guirlande. Enfin le bandeau, entre le 1er et le 2e étage, porte des oves, motif antique repris par le style néo-classique ».

Mais si l'on jette un coup d'oeil à l'intérieur de l'immeuble, il s'avère rapidement, au vu des colombages, et comme on l’a vu plus haut grâce aux recherches de Jean-Michel Wendling1, que l'âge de la maison est beaucoup plus ancien, et que la façade résulte d'une transformation et d'un embellissement plus récent.

Le passé de cette maison nous est par ailleurs connu par l'histoire de ses occupants, les Ensfelder, qui y ont résidé, y sont nés et décédés, et y ont pratiqué la boulangerie, pendant une durée de près de deux siècles. Voici le résumé de cette « saga », dont certains éléments reprennent des données déjà évoquées :

Le premier était Georg Ensfelder né en 1665 à Flachslanden, en Bavière. Ses ancêtres venaient d'Autriche, d'où ils avaient fui à cause des conflits religieux qui y régnaient. Il arrive à Strasbourg, où il acquiert gratuitement le droit de bourgeoisie le 11.10.1694. Il s'y marie le 2.2.1695 (paroisse du Temple Neuf) avec Maria Dorothea Huffel, fille d'un boulanger de la ville. Il a d'abord loué une boulangerie rue des Bouchers, avant d'être propriétaire (1695-1697) de la boulangerie à l'Enfer (Zur Höllen), rue Sainte Hélène . N.B.: le nom de la rue Sainte Hélène vient sans doute d'une transcription malencontreuse du nom allemand de la rue : Höllengasse (le terme Hölle= l'enfer, signalant sans doute le caractère sinistre des lieux).

C'est le 15.2.1700 exactement qu'il achète pour 750 livres la maison n° 5 (actuel n° 9) rue du Chaudron (Kesselgässchen) à Strasbourg, où il exercera le métier de boulanger de pain noir (Schwartzbeck) et boulanger à domicile (Hausfeurer).

Ses descendants deviendront boulangers, homme politique, négociants, pasteurs (il y en aura au moins quatre du nom), ou partiront même comme planteur en Martinique (pour l'anecdote, Frantz Fanon, 1925-1961, né à Fort-de-France, un des principaux théoriciens de l'anticolonialisme, auteur de "Peau noire, masques blancs", 1952, descend de ce Ensfelder de Strasbourg ).

La lignée de boulangers exercera au n° 9 rue de Chaudron sans relâche pendant deux siècles. Le dernier d'entre eux sera Théodore Emile Ensfelder (1834-1909). Il fut le dernier syndic des boulangers de sa ville. Après lui se succèderont aux fourneaux, les boulangers Schoettel puis Winckelsass Georges, puis Emile. A la mort de ce dernier le 3.4.1989, la boulangerie cessera définitivement son activité. On raconte l'anecdote que Germain Muller venait ici acheter son pain.

Pour conclure, quelques mots sur le dessinateur, graveur, peintre et pasteur Charles Eugène Ensfelder, né dans cette maison le 7.10.1836, où il décédera le 11.5.1876. Après des études de théologie et un début de pastorat, il abandonne cette voie et part étudier l’art à Paris, où il exposa dès 1865 au Salon. Mais il fut déçu par la vie trépidante de la capitale, rentra en Alsace et enseigna le dessin à Bouxwiller. Resté célibataire, il mourut prématurément. Nombre de ses dessins et aquarelles sont conservés au Cabinet des Estampes à Strasbourg. La Revue Alsacienne Illustrée (1905) lui a consacré un bel article avec de nombreuses illustrations. Les dictionnaires d'art (Thieme Becker, Bénézit, Lotz) lui consacrent une notice. Et enfin, Adolphe Seyboth, dans son ouvrage "Strasbourg historique et pittoresque"2, lui consacre quasiment l'intégralité de sa contribution concernant cette maison.

Galerie de portraits

- Jean Frédéric Ensfelder (1773-1849), âgé de 12 ans, quatrième génération des boulangers de la rue du Chaudron.

- Frédéric Edouard Ensfelder (1805-1887), cinquième génération des boulangers de la rue du Chaudron.

- Emile Ensfelder (1834-1909), fils du précédent, sixième et dernière génération des boulangers Ensfelder de la rue du Chaudron.

- Eugène Ensfelder (1836-1876), frère du précédent, artiste, né au n° 9 rue du Chaudron.

- Gustave Ensfelder (1839-1903), frère du précédent, épicier au 28, rue du Faubourg National, né au n° 9 rue du Chaudron.

- Edouard Ensfelder (1831-1921), frère du précédent, pasteur et historien, né au n° 9 rue du Chaudron.

- Charles Ensfelder (1810-1875), oncle des précédents, papetier au 6, rue des Hallebardes, né lui aussi au n° 9 rue du Chaudron.

- Frantz Fanon (1925-1961), descendant de Georges Ensfelder, premier boulanger de la rue du Chaudron (on ne le trouvera pas dans les données généalogiques proposées à la fin de la fiche sous forme de lien externe, car ces données se limitent à la descendance strasbourgeoise, et ne comprennent pas la descendance en Martinique du planteur Louis Ensfelder (1796-1826)).

Références

Sources

- Adolphe Seyboth : "Das Alte Strassburg vom 13.Jahrhundert bis zum Jahre 1870"(1890), page 42

- Adolphe Seyboth : "Strasbourg Historique et pittoresque " (1894, rééd. 1984), page 289-290.

- Maurice Moszberger, Théodore Rieger, Léon Daul : Dictionnaire historique des rues de Strasbourg, éd. Le Verger, 2002.

- "Connaître Strasbourg", Recht-Klein-Foessel, éd. Alsatia 1988

- Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, n° 9, pages 816-817

- Table généalogique de la famille Ensfelder, Fr. Ed. et Fr. Em. Ensfelder, 1909.

- Archives de la ville de Strasbourg (dossier 676W59)

- Recherches de Jean Michel Wendling.

Lien externe

-Table généalogique de la famille Ensfelder, sur le site Geneanet : https://gw.geneanet.org/whelmlinger_w?lang=fr&m=S&n=ensfelder&p= [archive]