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Adresse:19-21 Rue Jean Jacques Rousseau (Strasbourg)

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19-21 Rue Jean Jacques Rousseau (Strasbourg)

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Date de construction 1714
Structure Château

Date de extension 1766

Date de démolition 1870

Date de reconstruction environ 1900
Architecte Albert Nadler
Structure Villa
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Première construction1

Date 1714

Édifice très élégant d'ordonnance symétrique avec deux avant-corps latéraux, toiture à la Mansart et chaînage d'angle à refend dans la tradition française du XVIIIe siècle.

Il s'agit de la villa Voltaire, qui aurait été reçu à cet endroit lors d'un séjour à Strasbourg.

La première construction, située hors les murs de la ville de Strasbourg, a appartenu pendant les deux premiers tiers du XVIIIe siècle à la puissante dynastie alsacienne des Klinglin et à leurs familles alliées, les Dubourg, les D'Andlau et les Lutzelbourg.

Au bord de la rivière Aar, entre les méandres des affluents du Rhin, un des îlots émergeant des terrains marécageux propice à l'élevage des oies (appelé l'ile Jars) est devenu en 1714 propriété d'Eléonore Marie du Magne, Comte Dubourg et de son épouse, Marie Anne Klinglin (1684-1734). Celle-ci avait épousé en première noces Antoine d'Andlau, dont elle avait eu un fils, le Comte François Eleonore d'Andlau (1710-1763). M.A. Klinglin a construit sur cet îlot une résidence qui sera pendant longtemps appelée "Château de l'Ile Jars".

Le bien passa en 1744 à la soeur de Marie Anne, Marie Ursule Klinglin (1685-1765). Elle était veuve depuis 1736 du Comte Walther de Lutzelbourg. Très fortunée, elle était amie du Roi Stanislas Leszczinski et avait depuis le mariage de Louis XV ses entrées à la cour de Versailles. Elle entretenait une correspondance avec Voltaire qu'elle avait connue à Fontainebleau, et aussi avec Montesquieu.

Au château de l'Ile Jars, Marie Ursule tenait un salon littéraire, culturel et politique que fréquentait toute la haute société et tout ce que Strasbourg possédait d'illustre dans les sciences, les arts et la noblesse. Voltaire y vint souvent (il habitait alors dans une ferme proche, vis à vis de la future tannerie Herrenschmidt). Arrivé à Strasbourg en 1753, en fuite d'Allemagne d'où il avait été chassé par Frédéric II, et également indésirable à Paris, il était venu "faire antichambre en Alsace, qui est dans la France et n'est pas terre de France". Il s'y sentait en sécurité et cherchait surtout à se faire réhabiliter par Louis XV grâce à Marie Ursule. Il ne resta pas longtemps à Strasbourg, quittant la ville pour Colmar où il acheva entre 1753 et 1754 la rédaction des Annales de l'Empire.

Un aile du château de la Comtesse Marie Ursule était habitée par le gouverneur de l'Alsace, le Maréchal de Coigny.

Après la mort de Marie Ursule, en 1765, le Maréchal Louis-Georges-Erasme de Contades acheta le château. Il était depuis 1762 gouverneur d'Alsace et avait succédé à Coigny. Il agrandit le château et fit construire sur chacun de ses côtés deux élégants pavillons de style français. Un vaste parc avec une grande allée d'arbres fut aussi créé , s'étendant du château jusqu'à la Porte des Juifs au Fossé des Faux-remparts, sur un terrain, le Schiessrain (aujourd'hui Parc de Contades), qui servait à la fin du XVe siècle aux compétitions de tir des arquebusiers.

Célèbre pour son faste, Contades menait grand train. Il recevait beaucoup, poursuivant les habitudes instaurées par les Klinglin. Son cuisinier, Pierre Clause devint célèbre. Il inventa un pâté en croute original. Rond, contenant un foie gras entier truffé, entouré d'une farce de veau et de lard, il eut un succès considérable.

Le château de l'Ile Jars reçu de nombreuses personnalités. Jean-Jacques Rousseau en particulier en 1785 fut un des familiers de la maison. Il n'est pas exclu que Mozart aussi fut l'invité de Contades en 1778.

En 1788 le maréchal de Contades devenant gouverneur de Lorraine quitta Strasbourg.

Une carte du XVIIIe siècle conservée à la BNU et visible sur la base Histocarto témoigne de l'étendue de la propriété à cette époque2.

Après la révolution, le château passe entre plusieurs mains: celles du général Falkenhayn, puis celles de particuliers: Nicolas Pasquay, la famille Scherz, Caroline Levrault et quelques autres.

Vers 1850 la propriété échoit à une grande et ancienne famille de brasseurs, les Schutzenberger. Elle prendra dès lors le nom de "Schutzenbergerschloss". Charles Schutzenberger, qui l'a achetée était un professeur réputé de médecine interne à la faculté de Strasbourg. Son frère Georges était professeur de droit et Député-Maire de la ville.

En 1870 l'immeuble fut très endommagé par la guerre. Il ne restait alors que les murs des deux pavillons latéraux. Charles fit tout reconstruire (par l'architecte A. Nadler ?) et le "château" prit la forme qu'il a encore aujourd'hui.

A la mort de Charles (1881), son neveu Paul Schutzenberger acquit le bien. Il était professeur de chimie, membre de l'Académie des sciences et professeur au Collège de France.

L'immeuble fut acheté en 1899 par Anton Wassali 7 De nationalité Suisse, il était représentant des chocolats Suchard pour l'Alsace-Moselle. Il s'installa avec sa famille dans l'aile Ouest, l'aile Est étant louée. Les Wassali y resteront jusqu'en 1914. La rue porte alors le nom Jarstrasse et la maison les n° 10 et 10A. C'est Anton Wassali qui baptisera la maison "Villa Voltaire", nom qu'elle porte aujourd'hui encore. Il n'y avait à l'époque que peu de maisons alentour. On était à la campagne. Un grand jardin donnait sur la rive de l'Aar. De l'autre côté il y avait une ferme avec des vaches.

Anton Wassali mourut le 12 février 1914 à l'âge de 56 ans. Il laissait une veuve de 41 ans (Julie, née Kettner à Strasbourg) et 6 enfants s'échelonnant entre 4 et 16 ans qui émigrèrent en Suisse, à Neuchâtel et mirent la Villa Voltaire en vente. La guerre de 14-18 retarda la réalisation de celle-ci, le krach boursier et l'inflation de l'Allemagne vaincue réduisirent à néant le produit de la vente.

La Villa échut à un négociant, un certain Petri, qui en fut propriétaire entre 1919 et 1925.

Le professeur René Leriche acheta alors l'aile gauche. Chirurgien lyonnais de grande renommée, il venait d'être nommé à la chaire de clinique chirurgicale de la faculté de médecine de Strasbourg 5. Il y habitera jusqu'en 1939, tout en étant durant les dernières années professeur au Collège de France à Paris.

Après la guerre et jusqu'en 1953 l'aile gauche de la Villa fut la propriété du chirurgien Frédéric Froehlich, ancien élève de Leriche. D'autres personnes s'y succédèrent. Puis le bâtiment fut occupé à gauche par la Représentation de la RFA auprès du Conseil de l'Europe, et à droite par la famille d'un important homme d'affaire strasbourgeois. En 1985 la villa Voltaire fut acquise par la République Fédérale Allemande pour y loger ses représentants permanents, disposant de la totalité des 13 pièces d'une surface de 318 m2 et d'un jardin de 16,5 ares.

Construction actuelle3

Date environ 1900
Architecte Albert Nadler

Détruite pendant la guerre de 1870, elle est reconstruite dans sa forme actuelle par Albert Nadler (à confirmer4) et devient propriété de Charles Schutzenberger, professeur à la faculté de médecine de Strasbourg.

C'est ensuite le célèbre docteur René Leriche qui y habite de 1924 à 19455, son élève le docteur Froehlich lui succède après la guerre.

Cette propriété eut donc au moins trois noms successifs :

1- Château de l'Ile Jars au 18e

2- Campagne Schutzenberger au 19e

3- Villa Voltaire au 20e6

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Références

  1. Archives de la ville et de l'Eurométropole (Bibliothèque) - Cote 934W96
  2. Plan des bâtimens, jardins, dépedances [sic] de l'Isle Jaare avec ses environs , BNUS, côte MS.1.797,65; la carte est décrite et consultable sur la base Histocarto, site consacré à l’histoire de la cartographie [archive], consulté le 22/4/2020
  3. Archives de la ville et de l'Eurométropole (Bibliothèque) - Cote 934W96
  4. D'après une étude de textes originaux réalisée aux Archives de la Ville de Strasbourg en Janvier 2020, l'architecte Emile Salomon aurait participé à la reconstruction de la villa, informations recueillies par mail en date du 20/01/2020
  5. Le livre des ses mémoires « Souvenirs de ma vie morte »
  6. Le_Tivoli_(Livre), Eric Stumm

7. Professeur Philippe REYS. Petit-fils d'Antoine Wassali. Archives personnelles