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Adresse:Quartier des Romains (Strasbourg)

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(Koenigshoffen), (Romains - Koenigshoffen)

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Le Quartier des Romains

Koenigshoffen est un faubourg ancien, qui a connu une activité intense au cours de la révolution industrielle. Il est coupé en deux parties, Est et Ouest. Le quartier des Romains que nous allons étudier se situe dans la partie Ouest, nous nous intéresserons à son développement à partir de la fin du XIXe siècle jusqu'à nos jours.

Les limites du quartier des Romains sont plus spécifiquement le Hohberg au Nord, la Route des Romains au Sud, la rue de l'Engelbreit à l'Est et la rue Terence à l'Ouest. Pour notre présentation, nous n'avons pas inclus les rues des Brasseurs et des Malteurs, puisqu'elles sont plus anciennes et se rattachent davantage au passé industriel du faubourg.

Le quartier des Romains est un quartier résidentiel. Bien arboré, il donne davantage l'impression de se trouver dans un village plutôt que dans une ville. A cet aspect résidentiel s'articule une autre caractéristique du quartier, à savoir qu'il accueille de nombreuses structures publiques, comme des écoles (maternelle, primaire, collège), un gymnase et une maison de retraite, localisées dans la partie Est. Contrairement à la plupart des quartiers, il n'est pas polarisé par une église mais plutôt par la Place des Romains, sur laquelle nous reviendrons.

Le quartier est également connu sous le nom de "Quartier des Empereurs" car les noms des rues font référence à des empereurs, mais aussi à des poètes et érudits romains tels que Marc Aurèle, Ovide, Suétone, Gallien ou Constantin, pour ne citer qu'eux.

Fin du XIXe siècle

Date 1896

Le plan cadastral de Strasbourg daté de 1896 montre bien que le secteur que forme aujourd'hui le quartier des Romains est pratiquement inoccupé à la fin du XIXe siècle. Nous pouvons apercevoir sur le plan que, même en bordure du quartier, seules les rues des Brasseurs, des Malteurs et la petite rue des Chartreux sont construites et occupées par des maisons.

Cependant, dans le quartier des Romains même, certaines constructions notables commencent à sortir de terre au tournant du siècle. La Villa Werlé, localisée 166 route des Romains (l'axe principal de Koenigshoffen) a été érigée à partir de 1896 et ornée de nombreux motifs décoratifs néo-classiques et néo-baroques. La maison est également animée par un pignon, un balcon et des lucarnes latérales. Sa voisine, la Villa Schweitzer, débutée en 1897, présente un jeu de volumes intéressants pour l'époque, ainsi qu'une terrasse couverte. Outre les maisons, notons la construction remarquable en 1899, d'un immeuble au 176ter route des Romains par l'architecte Ferdinand Kalweit, qui a surtout construit au centre-ville.

Comme dit précédemment, le quartier des Romains n'est pas fédéré autour d'une église, celle du quartier étant située à la lisière du Hohberg. En revanche, il s'articule autour d'une place, la place des Romains. Selon l'ouvrage Strasbourg Koenigshoffen, Un Faubourg Historique1, les premiers plans d'alignement de cette place datent de 1906-1907, ce qui démontre un intérêt précoce pour l'aménagement et l'articulation des espaces, dans un secteur à ce moment-là quasiment inhabité.

Années 1930

Date 1930

Cela dit, en ce qui concerne le quartier des Romains, ce sont surtout les années 1930 qui marquent un tournant important. En effet, à cette période, tout un secteur est construit au Nord de la route des Romains. Ce secteur résidentiel prend la forme d'un lotissement. C'est principalement la rue Gratien qui structure le nouveau quartier, en débouchant directement sur la place des Romains. Par ailleurs, la rue Saint Bruno fait le lien entre les maisons plus anciennes (construites autour de 1900) et le quartier des années 1930.

Au sein du quartier des années 1930, on trouve plusieurs types de maisons :

maison (mono-famille) individuelle, comme celle située 4 rue Valérien

maisons (mono-famille) jumelées, comme celles des n°3 et 5 rue Valérien

maison bi-familles ou tri-familles individuelle, comme celle se trouvant 27 rue Gratien

maisons bi-familles ou tri-familles jumelées, comme celles situées 19 et 21 rue Constantin

maison de maître mono-famille, comme celle du 17 rue Gallien

maison de maître bi-familles, comme celle située au 34 rue Gratien

On peut tout d'abord souligner la diversité des volumes et des formes de ces différentes maisons. Mais nous remarquons également la récurrence de certains motifs.

Premièrement, la plupart des maisons sont dotées d'un avant-corps, le plus généralement à trois pans et surmonté d'un balcon comme au 25 rue Gratien. Il peut aussi s'arrondir (11 rue Gallien), se déplacer sur un côté (48 rue Trajan) ou rester au centre de la construction. Plus rarement, il est recouvert d'un toit (comme au 7 rue Constantin).

L'autre caractéristique qui revient fréquemment est la monumentalisation de l'entrée de la maison. Cette mise en valeur de l'entrée peut se faire par différents moyens, mais celui auquel les architectes ont eu le plus recours est la marquise, une verrière placée en surplomb d'une entrée. On en aperçoit aux n° 33 et 37 de la rue Constantin. Dans de nombreux cas, la marquise s'inscrit dans un plus vaste ensemble, celui d'une construction légère avec un escalier qui donne sur une entrée surmontée d'un auvent avec garde-corps, comme au 29 rue des Antonins et au 39 rue Constantin. Parfois, un porche d'entrée dans le corps du bâtiment valorise encore davantage l'entrée. On trouve des exemples de ce procédé aux n°26 et 27 rue Gratien, 2 rue Gallien, ainsi que 8 rue Constantin.

La monumentalisation des entrées apparaît également comme l'un des poncifs de l'architecture classique. L'entrée principale de la maison 2 rue des Antonins se compose d'un auvent supporté par deux colonnes engagées, mais ce n'est pas là le seul exemple, puisqu'on retrouve de nombreux motifs classiques dans tout ce quartier des années 1930. De petites colonnes encadrent la fenêtre de l'avant-corps au 25 rue Gratien, des arcades supportées par des colonnes ornent les fenêtres au niveau du balcon central du 34 rue Gratien, tandis que les trois lucarnes du toit se terminent en fronton. Au 11 rue Gallien, on aperçoit une loggia avec arcades géminées au premier étage. Au 17 rue Gallien, la lucarne du toit prend la forme d'un fronton curviligne. Aux angles de la maison 10 rue Valérien, deux pilastres cannelés sont engagés dans la construction.

A cette référence classique se joint une autre composante qui peut paraître contradictoire, celle de l'architecture traditionnelle. Si l'on ne voit des colombages (et une tourelle) que sur une seule maison, celle située 37 rue Gratien, on découvre en revanche des toits en carène (une spécificité française qui remonte au XVIe siècle) aux 9 et 11 rue Valérien et au 7 rue Constantin. Autre référence à l'architecture traditionnelle, les volets à battants comme on en observe aux 3, 9 et 11 rue Valérien.

On peut dégager de ces différentes remarques une tendance générale à la fois sobre et attachée aux formes plastiques. En réalité, les éléments d'animation plus audacieux se trouvent dans les ferronneries et les motifs décoratifs en général. Les ferronneries des balcons sont souvent ornées de motifs de style Art déco très géométriques comme au 11 rue Gallien, 9-11 et 18 rue Valérien, 16 rue Constantin, ou encore au 30 rue Gratien.

Outre sur les ferronneries, on trouve des motifs décoratifs à des endroits plus inattendus, comme les fleurs encadrées qui ornent les pignons de la maison jumelée 9-11 rue Valérien ou les octogones moulurés du 10 rue Valérien. Généralement et comme dans les exemples précédents, les ornementations sont placées sur la façade principale, mais dans d'autres cas, elles se trouvent sur les façades latérales, comme au 33 rue Constantin où une rosace quadrilobe s'inscrit entre les fenêtres, sous le pignon.

Marquées par la diversité, les maisons de ce lotissement des années 1930 restent pourtant unifiées par la récurrence de certains motifs, comme des sortes de variations sur le même thème. Cela dit, leur style reste empreint d'un certain académisme et de références classiques, ce qui contraste avec les constructions que l'on peut observer à la même époque, au centre-ville. En effet, la modernité y bat son plein de façon plus audacieuse. La modernité ne trouve dans le quartier des Romains qu'une place relativement réduite, souvent cantonnée aux détails comme sur les ferronneries des balcons. La plupart des maisons incarnent en fait ce compromis entre formes classiques et modernes, comme on peut par exemple le constater avec la maison 11 rue Gallien, qui associe un avant-corps arrondi et des ferronneries Art déco avec des poncifs de l'architecture classique comme les arcades et les colonnes. Enfin, on peut rapprocher ce lotissement du secteur du CREPS, construit lui aussi dans les années 1930 à Koenigshoffen.

Années 1950

Date 1950

Deux rues spécifiques vont nous permettre d'aborder les années 1950, celle du César Julien et celle des Antonins. Les maisons de la rue César Julien sont très variées, puisque les constructions se sont échelonnées sur plusieurs décennies et le lotissement a finalement été achevé dans les années 1950, selon l'ouvrage Strasbourg Koenigshoffen, Un Faubourg Historique 1. La maison située 28 rue César Julien date de 1954, ce qui correspond à la dernière vague de constructions pour cette rue. Le style du bâtiment est très simple, la façade est animée par deux rangées de fenêtres et une lucarne a été placée au milieu du toit. Cependant, cette maison reste un exemple au milieu d'autres constructions beaucoup plus sophistiquées.

Quant à l'aménagement de la rue des Antonins, il renvoie lui aussi aux années 1950.

Les maisons de cette rue présentent de nombreuses caractéristiques similaires, à commencer par la configuration générale et la taille, plutôt modeste. De plan rectangulaire, les maisons disposent d'un toit pentu, de deux fenêtres en partie basse ainsi qu'une ou deux sur le pignon. Au niveau du pignon, on trouve de chaque côté de la toiture une petite console. Enfin, l'entrée se situe sur le côté et est généralement mise en valeur par une marquise ou un auvent métallique.

La maison du 18 rue des Antonins, érigée entre 1957 et 1959, réunit tous les aspects énoncés précédemment.

Les maisons semblent donc construites à partir d'un modèle-type qui a subi de légères variations selon les cas. On peut penser là à un promoteur ou un lotisseur. On perçoit bien la continuité stylistique avec la rue Constantin, même si les formes sont simplifiées et les dimensions amoindries dans la rue des Antonins.

Années 1960-1970

Date 1960

Nous avons rappelé en introduction que le quartier des Romains accueillait de nombreuses structures publiques, groupées dans la partie Est. Ces dernières se sont particulièrement développées dans les années 1960.

Pensons notamment au Groupe Scolaire du Hohberg, dont le chantier débute en 1965. Il comprend une école maternelle et une école élémentaire. L'école élémentaire est un bâtiment longiligne, sur pilotis, avec fenêtres en bandeaux.

On peut supposer que le collège Twinger, juste en face du Groupe Scolaire du Hohberg, a été construit dans les mêmes années. L'ouvrage Strasbourg Koenigshoffen, Un Faubourg Historique2, mentionne qu'à partir de 1982, le collège et le Groupe Scolaire font partie d'un ensemble baptisé la ZEP du Hohberg.

Enfin, les années 1970 marquent également la construction de l'église Saint-Jean Bosco, la seule église du quartier des Romains. Nous avons dit plus haut que le quartier était polarisé par une place et non pas par l'église. En effet, cette dernière ne se trouve pas au centre mais à la limite Nord du quartier des Romains. La construction est achevée en 1972, les lieux sont partagés par les communautés chrétiennes et musulmanes depuis les années 1980.

Années 1980-1990

Date 1980

La rue Drusus, aménagée dans les années 1980-1990, prend la forme d'une boucle. Les premiers immeubles du côté impair de la rue sont très sobres, animés presque exclusivement par des balcons saillants.

Cependant, plus on avance dans la rue et plus les formes se complexifient. Ainsi l'immeuble 6 rue Drusus ressemble à une sorte de jeu de construction, avec un emboîtement de formes rectangulaires et carrées. Ce fort effet d'animation et de relief de l'architecture postmoderne crée cependant un contraste saisissant avec les rues parallèles plus anciennes (rue des Antonins et rue Constantin).

La rupture est double, à la fois stylistique et très concrète puisque aucune rue n'a été construite afin de relier l'ensemble de la rue Drusus aux lotissements voisins des années 1930 et 1950. Il faut alors revenir par la route des Romains pour accéder à la rue Drusus, qui se referme sur elle-même.

Années 2000

Date 2000

La rue Terence avec ses grands immeubles témoigne de l'architecture contemporaine des années 2000. Les constructions, en prolongement avec la rue Drusus, offrent un contrepoint intéressant aux maisons individuelles des rues voisines. Elles rappellent également l'exigence de rentabilité qui touche le secteur du logement. En effet, au fur et à mesure qu'on progresse vers l'Ouest du quartier des Romains, l'espace se densifie et les bâtiments sont presque systématiquement des immeubles.

Dans les mêmes années, est érigé le centre socioculturel Camille Claus, situé 41 rue Virgile. Il fait le lien entre la rue Virgile et le Hohberg. Ce curieux bâtiment associe réminiscences classiques avec ses simili-colonnes de l'entrée à une variété de formes géométriques et de matériaux originaux comme le carrelage.

Une tendance récente, après 2010 et pour des raisons d'économie d'énergie, est l'isolation par l'extérieur de certaines façades anciennes. Par exemple au 21 rue Constantin, la façade a été complètement lissée, les volets et encadrements des fenêtres ont disparu. Ce procédé modifie radicalement l'apparence de la construction d'origine.

Références

Bibliographie

- CAISSE DE CREDIT MUTUEL DE KOENIGSHOFFEN, Strasbourg Koenigshoffen, Un Faubourg Historique, Editions Coprur, 2002

- COLLECTIF, Les faubourgs de Strasbourg, De la Belle Époque aux Années Folles, Editions G4J, Mémoire d'Alsace, 2003

- Koenigshoffen, A la découverte des quartiers de Strasbourg, brochure éditée par la CUS, 2012

- LUDES Louis, Cronenbourg Koenigshoffen Montagne-Verte vers 1900, Le Verger Editeur, 1991

- Koenigshoffen, Un faubourg de Strasbourg, Deux mille ans d'histoire (Livre), Paul-Antoine Dantes, 2015

Annexes

Liens externes

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